• Associé à l'équipe d'Essonne, Jérémie Galland a couru le Tour du Faso où il finit d'ailleurs 9e du classement général. Mais s'il s'est rendu au Burkina, c'était aussi dans le cadre d'un projet humanitaire dans lequel il s'est investi pleinement. Récit d'une incroyable aventure humaine.





    Par Doris Henry

    Il y aura désormais un avant et un après dans la vie de Jérémie Galland. Une coupure appelée Burkina Faso. Un voyage à des milliers de kilomètres de sa banlieue parisienne. Un changement radical du tout au tout. Ce périple, c'était bien sûr dans le cadre du Tour du Faso (qui s'est terminé dimanche). Mais lui, ce qui lui a plu, c'était l'engagement humanitaire qui allait avec. « Il y a deux ans, les coureurs de mon premier club à Montgeron-Vigneux avaient participé à la course, déjà avec un projet humanitaire. Ils ont su qu'il y avait la possibilité d'avoir des coureurs pros dans l'équipe alors ils m'ont proposé. Je leur ai dit oui, et ce n'était pas que pour la course. » C'est donc sous le titre d'équipe d'Essonne que Jérémie, son père qui officiait en tant que directeur sportif, cinq autres coureurs et un masseur sont partis direction le Burkina. Et parmi ses coéquipiers, il y avait notamment Olivier Derquenne, instituteur et président de l'association Dégué Dégué 91. C'est lui l'instigateur de la mission. Alors, en quoi ça consiste ? « L'association s'est débrouillée depuis un an pour récolter des fonds auprès du département de l'Essonne. Ils ont amassés plein de livres. Et en plus, ils ont récoltés assez pour pouvoir acheter dix ordinateurs, qui serviront à communiquer entre les enfants français et burkinabés. »

    VELO LE MATIN, A L'ECOLE L'APRES-MIDI

    Du coup, à l'aéroport, ils avaient dans leurs bagages une malle de quarante kilos (« on a du la vider avant d'embarquer »), des fournitures scolaires, quatre cartons de vingt kilos de livres. Côté Galland, le papa avait apporté « des vieux pneus qui sont usés pour nous, mais qu'eux réparent ». Quant au fiston, il s'était chargé de faire le plein de cartes de son équipe...et de stylos aussi. « C'est le bout du monde pour eux. Quand on tend un stylo, ça fait une émeute.» Ils se sont donc chargés de distribuer tous ces cadeaux lors des visites d'école. « On en a visité quatre, dont deux à Ouagadougou. Là-bas, il fait jour très tôt et nuit très tôt aussi. On commençait les étapes vers 8h-8h30 pour finir vers 12h30. Alors après, on allait visiter les écoles toute l'après-midi, les enfants avaient fait des spectacles pour nous accueillir. » Des journées bien remplies en somme, mais comme le confie le pro d'Auber : « Il fallait forcément profiter de l'expérience en étant là-bas. »

    LECON DE VIE

    L'échange, c'était le maître mot de cette dizaine. Arrivée les mains pleines de cadeaux, l'équipe d'Essonne en est repartie requinquée de valeurs : « Les Africains nous ont rappelé plein de valeurs qu'on a tendance à oublier ici, et ça fait réfléchir. Par exemple, ils ont conscience que c'est une chance d'aller à l'école, même s'ils sont soixante par classe et qu'il faut enjamber les tables pour sortir. Certaines autres écoles sont payantes alors ils réalisent la chance qu'ils ont. » En tout cas, les Burkinabés, eux aussi, se souviendront du passage du Tour du Faso : « Les enfants nous touchaient les mains quand ils nous voyaient. C'est comme s'ils étaient en admiration devant nous car ils n'avaient certainement jamais vu de blancs. » Mais toujours est-il qu'entre les parties de pétanque avec les Burkinabés et les visites de villages, il y avait la course...et là aussi il y a tout un monde d'écart.

    DU MATERIEL DEPASSE

    « A part les Marocains qui sont bien organisés pendant une étape, les autres Africains ne le sont pas du tout. Quand on part en échappée, ils ne suivent pas. Tout est complètement décousu. » Décalage aussi côté matériel, correct pour certains mais malheureusement « plus que dépassé » pour les autres. Pour les Maliens notamment... « Ils ont des vieilles chaussures en cuir, des vieux casques, des vélos super lourds. Bref que de la récupération. » Mais aussi pour les hôtes du Tour : « Un jeune Burkinabé nous a aidé pendant toute la course. Ca faisait deux mois qu'il n'avait plus de vélos car il n'avait plus de pneus. A la fin, on lui en a donné et Olivier lui a laissé une paire de chaussures. »

    ENVIE DE REPARTIR

    A l'entendre, Jérémie Galland est émerveillé et plus ouvert sur le monde aussi : « Je n'ai pas trop réfléchi sur moi-même. Par contre une fois rentré, on se rend vraiment compte de ce dont ils manquent. » De retour en France, il a déjà reçu des mails d'enfants et de coureurs burkinabés. « C'est ça qui est contradictoire, ils ont rien et en même temps, ils peuvent avoir un téléphone portable, aller dans les cyber-cafés. » Le sourire, la gentillesse, c'est ce qu'il retiendra en premier lieu de cette véritable expédition. « A la fin ça commençait à faire long, la chaleur nous fatiguait (38 °C) même si on s'était habitué. On avait envie de rentrer. Mais maintenant qu'on est ici en France, on a tous envie de repartir. » Hélas ce n'est pas pour maintenant, il faudra patienter la coupure de l'an prochain. En attendant, Jérémie peut se reposer sur cette aventure humaine qui s'est transformée en véritable leçon de vie. Sa vie qui, justement, ne sera plus jamais comme avant.


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